Bonjour à tous,
Un petit mot pour vous annoncer (pour ceux qui ne le sauraient pas) que les produits Reins, Noike, Svartzonker, Tiemco, Favorite, Reaction Innovation, Legit Design et D’Style ne sont plus distribués par la société French Touch Fishing dont j’étais partenaire depuis plus de 10 ans.
La distribution des gammes Reins, Noike, Favorite et Tiemco est reprise par la société Babylon Fishing (BF) qui est basée dans le Loiret, jusqu’à présent un peu connue pour ses cannes (Banana Rods). Les autres marques ne sont pas conservées, pour diverses raisons. Je peux ici avancer deux explications qui n’engagent que moi (mais qui doivent pas être loin de la vérité…) : pas assez de rentabilité pour certaines et pas d’accord trouvé avec d’autres. D’ailleurs vous pourrez constater de vous-même que la gamme Svartzonker prend une autre dimension, mais plutôt via Abu Garcia. Lien direct ? Ça je ne peux pas le dire, mais on le saura rapidement en observant l’offre Svartzonker (sans Abu). D’autres marques sont en revanche introduites comme LMAB (les plus avisés en avaient vu passer sur l’excellent site de VPC Fish & Ship avant leur distribution par BF) et Lucky John (produits auparavant déjà proposés en France via le réseau Euro Pêche).
Début novembre 2019 j’ai passé un long moment avec le patron de Babylon Fishing au téléphone. L’échange semblait prometteur mais je pressentais un loup. Je lui ai ensuite envoyé un long mail résumant mes années FTF, ce que j’avais fait pour Reins durant ces années et mes idées pour une possible suite. Le temps a passé (sans réelle réponse, élément qui a le don de m’énerver puisque ce silence traduit immanquablement un profond irrespect de l’interlocuteur). Pourquoi sentais-je un loup alors ? Mon sentiment (mitigé donc) était celui d’une personne essayant de prendre un maximum d’infos et sachant très bien débiter du blablabla non spécialiste mais voulant faire croire que. On ne la fait pas à un vieux singe…
Puis est venu le temps de Clermont où j’ai pu rencontrer cette personne. Et là on a, je pense, mutuellement clairement senti que ça ne passerai pas, pour diverses raisons. En tout cas pour moi c’était clair et pour plusieurs raisons. J’aimerai donner mon sentiment là-dessus, en essayant de structurer ça.
Ce qu’il faut savoir pour commencer, c’est que mes 10 ans chez FTF n’ont pas été sans heurts. Mais une chose importante me reliait à Fred et David (puis William, monsieur Big Fish 1983 et Ludovic) c’est la passion. Cette passion a fait que même quand nous étions en désaccord, nous prenions tous le temps de nous écouter et de réfléchir.
Le repreneur n’est pas de cet acabit-là, simplement car il n’a (pour le moment !) ni nos connaissances dans le domaine du leurre ni notre expérience de pêcheurs aux leurres (même si dans ces deux domaines il y a évidemment bien plus forts que nous…). Ce n’est pas irrémédiable si l’écoute et le respect du point de vue de la personne la plus avisée sont les valeurs prépondérantes. Bref à Clermont je me suis retrouvé face à une personne qui ne pensait visiblement qu’à une seule chose, son bénéfice. Je n’ai absolument rien contre ça, j’y reviendrai plus loin. Mais vous le comprendrez aussi en lisant ce texte encore un peu (en aurez-vous la patience ahahah !?), pour moi il est impossible de fonctionner en mode « tout pour le gain ». Donc : je peux difficilement travailler avec quelqu’un comme ça. Malgré le fait que je pensais avoir de bonnes idées de développement et qu’il pouvait vraiment y avoir de bon projets communs, et bien ça pouvait difficilement le faire.
Autre point critique selon moi (je reste persuadé que le côté « relations humaines », on peut toujours s’en arranger si l’on a l’intelligence de se trouver un fort but commun), c’est la gamme distribuée qui est selon moi complètement dénaturée. Comparativement à ce qu’on avait mis en place chez FTF au fil des ans (car Fred avait la bonne idée de m’impliquer dans les réunions de discussions de gamme, etc. et je le remercie pour ça car ça m’a beaucoup appris !). L’idée qu’on avait en sélectionnant les produits chez FTF c’était de trouver des produits de qualité (selon différents critères basés sur nos retours de terrain et intégrant par exemple le rapport qualité prix, une innovation technique ou même écologique) à un prix correct. Le début de la société avait été difficile pour moi, je ne m’en suis jamais caché. Simplement car les marques disponibles à l’époque étaient par exemple Deps ou encore OSP. De super produits (vraiment ! J’utilise encore des OSP Blitz ou High Pitcher ; ou encore Deps Basiriski ou Sliding Jig, vraiment du must-have !) mais on repassera pour le côté abordable. Les utiliser oui, les conseiller aussi mais pas à n’importe qui. Compte tenu de leur tarif, je n’ai jamais été à l’aise pour conseiller sereinement ces produits, à des jeunes en particulier. Et puis Fred a rapidement fait un tour de magie et a dégoté Reins. Au début, ne connaissant pas cette marque et sa gamme, j’étais réservé, voir même sceptique. Et puis, les lecteurs de ce blog en sont témoins, il y a eu l’explosion rock-fishing (FTF arrivait fort sur le marché en concurrençant directement Ecogear, alors à peu près le seul en place sur ce segment, avec une très large gamme) puis street-fishing. En 2009 évidemment il y a eu mon titre AFCPL à Paris.
Les premiers films de Stéphane qui ont grandement aidé à faire du RockVibe Shad une légende (et qui nous ont vu lancer le programme Culture Fish).
Et là j’étais dans mon élément. Je pouvais la conseiller à n’importe qui, la pochette de 20 leurres souples (RVS2) pour moins de 6 euros. Je me suis éclaté en salons, conseillant du RockVibe Shad, du G-Tail Saturn, des Meba Meet Jig Head, etc. D’autres partaient comme des petits pains chauds, comme le Kick Ringer, l’AX Craw, le Fat RockVibe Shad (développé à la demande de la France) puis le Scape Shad (idem), j’en passe. Le tout à des prix très attractifs. On a aussi eu ce chouette article sur le street-fishing (paru non sans mal car FTF ne misait pas (en fait : comprendre « ne pouvait pas miser ») sur la publicité dans la presse halieutique, ce qui me bloquait fort au niveau de diverses revues : pas d’pub, pas d’papier !) qui m’a permis à l’époque de rectifier certaines vérités (certains journalistes précédents n’avaient vraiment pas bien fait leur taf…), un article sur la pêche du chevesne à l’insecte (novateur à l’époque) puis un autre aussi précurseur sur le bait-finesse. Autre truc énorme : pouvoir travailler avec Reins (en remerciement/hommage de mes victoires parisiennes, qui représentaient un truc énorme pour les japonais !) pour faire un leurre qui porte mon nom, le Jé Worm, puis son grand-frère le Maxi Jé Worm. Et partager des moments de pêche au black-bass avec Ryo et ses potes, au Japon. Le rêve absolu, le délire total… Bon. Je conçois qu’après cette prise de position (radicale mais qui me ressemble), le Jé Worm risque de ne pas être au catalogue Reins by BF…
Vous l’avez vécu, on était actifs de tous les côtés. Organisation d’événements, de concours, de sorties (j’ai toujours considéré les Open Street comme un mix de tout ça), présence sur tous les salons, intervention (puis création) auprès d’écoles de pêche, participation à tous les concours et évènements pêche aux leurres (sorties FPS par exemple avec des victoires chaque année où on a participé), énormément d’articles en presse spécialisée (j’ai écrit pour Predators, Pêche en Mer ou encore Planète Carnassiers), sur blogs (celui-ci et d’autres) et aussi de vulgarisation, de vidéos de toutes sortes, … On a créé des pêcheurs, et parmi eux des jeunes mais aussi des moins jeunes qui redécouvraient leur pratique. On donnait sans compter (pour notre passion, via l’Association BBF en parallèle ; et pour FTF) et on recevait en juste retour (des bonnes vibes pour nous et de nombreuses ventes pour la boite). D’ailleurs Ludovic, qui était employé chez FTF à la fin et qui a été transféré chez BF, est un de ces gosses… Elevé en lisant cannafish ahahah ! D’ailleurs, ça m’attriste quand-même un peu qu’il ne se batte pas pour conserver un de ses vieux mentors près de lui, mais ainsi va la vie.
Bon. Ce n’est pas tout ça. Vous avez maintenant peut-être mieux saisi le concept FTF, mais revenons à la gamme sélectionnée par Babylon Fishing. Lucky John par exemple, ça ne colle pas avec des produits comme Reins ou Noike selon moi. Attention. Je n’ai rien contre les produits peu onéreux (et je n’ai pas dit bas de gamme, car je ne connais pas assez cette gamme !). Mais distribuer cette marque à côté des autres se fait sur un critère uniquement comptable à mon humble avis. Je n’ai rien contre le fait que quelqu’un gagne sa vie, mais il faut aussi (savoir) réfléchir et garder une ligne de conduite. Et là je ne suis pas. Je rebondis en repartant sur ce que je connais bien, Reins. Si j’en crois le très sérieux site pecheur.com la grille tarifaire a grandement évoluée et pas en bien pour le consommateur. Mention spéciale au tungstène Reins qui ne se contente plus d’avoir la densité de l’or… Car il en avoisine bientôt aussi le prix (une balle TG Sinker 21g est vendue 28 euros ! Les trois balles de 7g sont vendues quant à elles 14 euros)… Prenez pas trop de stock les gars, vous en vendrez pas… Anecdote à ce sujet : FTF ne margeait quasiment pas sur ce type de produit et c’était un choix. On pourrait appeler ça de l’éthique écologique ! Je le disais, les temps changent…
Signe supplémentaire de ce changement : la multiplication des copies de RockVibe Shad (vues récemment sur différents groupes FB de pêche aux leurres). A l’époque, qui aurait cloné un leurre à 5€90/20~30 cents l’unité ? Le paquet de 2 pouces n’a pris qu’un euro vous me direz depuis toutes ces années (prix constaté à ce jour 6€90). Mais le fait est là. Maintenant certains le copient (comme les One-Up !). Les plus optimistes peuvent y voir une certaine forme de consécration… 🙂
Et donc… Lucky John au milieu des firmes nippones… C’est un peu comme si Lamborghini distribuait Traban via le même réseau. Vous voyez le genre ? Grand écart intellectuel. Impossibilité de s’identifier… Si BF parvient, je ne sais comment, a créer des pêcheurs comme FTF a su le faire, ils vont avoir une drôle de gueule quand même !!! 😉
Enfin, je tiens à dire que je ne prends pas cette histoire personnellement. Et d’ailleurs à priori pour tous les anciens de FTF c’est pareil, j’ai l’impression qu’aucun n’a été conservé. Typiquement une valse de départs en pré-retraite suite à reprise par actionnaire… Loin de la tradition French Touch tout ça ! Les plus jeunes ont trouvé à se caser, tandis que les plus sages n’en ont pas grand-chose à faire… 🙂 La mode est visiblement aux YouTubeurs (je sais même pas comment ça s’écrit cette cague), aux influenceurs. Bah perso je m’en tape des unboxings et autres mauvais conseils en live au bord de l’eau. Quand je donne de modestes conseils sur mon blog ou dans la presse, c’est après avoir passé du temps à essayer des choses, face à l’eau et surtout aux poissons. La tendance actuelle est à l’improvisation, à la découverte perpétuelle (et médiatisée…). Des vidéos sans réel contenu, des points de vue bons marchés et peu réfléchis car pas expérimentés (mais sponsorisés). Si je dois regarder un gars qui découvre quelque chose, autant que ça soit un gamin comme le mien directement au bord de l’eau ; et pas un trentenaire en mal de reconnaissance via un écran… Conseil à mes lecteurs : il y a des vidéos de qualité, même en français. Je pense au Fishing Club, aux vidéos Fox avec Sylvain Legendre, et d’autres encore. Mais il ne faut pas se tromper de casting et ne surtout pas donner d’importance à des gens qui n’en ont aucune.
Je continuerai à utiliser certains produits maintenant distribués par BF et que j’ai porté toutes ces années. Pour cela je n’ai besoin de l’accord de personne. A bon entendeur…
Et au final, j’ai toujours un bon contact avec une des sources, AKA Ryo Shinotsuka. C’est peut-être ça que l’aventure FTF m’a le plus apporté : consolider des amitiés existantes (Fred, David, Stéphane parmi le personnel FTF) et surtout en créer bien d’autres (Ryo et sa bande de potes pêcheurs de Kasumigaura, Ludovic, etc.). Le tout sur fond de ma passion. Et les potes (Coco, Fabien, Benoit, Cédric, Eric, Clem, etc. etc. etc.) sont toujours là, eux. Le reste n’est, vous l’avez compris, qu’une valse de distributeurs…
Et FTF me demanderez-vous ? Je répondrai ce que je réponds depuis des mois, quand on me le demande. C’est à Fred de parler.
En attendant je vais sortir quelques séries d’articles sur le matériel. Des sélections bien pensées. Certains produits je les aurai testés, d’autres ça sera plus spéculatif, mais c’est uniquement car le confinement m’y oblige… Tiens je vais commencer par quelque chose que je connais bien : 2 ou 3 produits Tiemco (bah quoi, il y a rien de neuf en Reins à part des disparitions au catalogue !!!) ! 😀
Arigato !